La révision annoncée de la Loi de 1095 : un projet antirépublicain

 

Qu’est ce que chacun de vous répondrait spontanément à la question : « Qui suis je ? »…

 

…et si la question vous est posée plusieurs dizaines de fois ?…

 

C’était l’objet d’une recherche en psychologie sociale, il y a déjà quelques dizaines d’années. Non seulement les réponses sont en général multiples mais elles varient selon les circonstances.

 

Contre les particularismes

Chacun de nous peut dresser une longue liste d’éléments identitaires, et établir à partir de là des liens d’appartenance plus ou moins forts, en faire des particularismes. Par exemple, j’ai un prénom breton, mais ceci ne m’enchaîne à aucune coutume, aucune croyance. ; je ne me sens assujettie à aucune norme. Et d’autres traits identitaires qui constituent ensemble ma singularité, qui peuvent être plus ou moins importants pour moi par ailleurs, ne me caractérisent pas dans cette situation-ci.

 

Précisons qui je suis pour prendre la parole maintenant : je suis ici en tant que récente déléguée aux questions de Laïcité de la GLMU (Grande Loge Mixte Universelle), obédience maçonnique dont la dénomination même souligne l’attachement à la mixité, à toutes les mixités, et à l’universalité.

 

Je vais focaliser cette courte intervention sur les adjectifs qui caractérisent notre République. Selon l’article 1er de notre Constitution, « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Chacun de ces adjectifs est important.

 

Notre république est indivisible

 

Des appartenances, ou des revendications d’appartenance, au delà de la singularité de chacun de nous, en prenant en compte des particularismes conduisent à des séparatismes et a des risques de revendications communautaires et de conflits.

 

Plus il existe de diversité dans une nation et plus doit être mis en avant le principe d’universalité, ce qui unit les humains au delà de leurs particularismes, leur humanité.

 

Laïque

Le terme Laïcité vient du mot grec « laos ». Selon Henri Peña Ruiz (Dictionnaire amoureux de la Laïcité), cette  « étymologie renvoie à l’unité indivisible de la population, l’union du peuple, sans nier les différences, mais en invitant à considérer au contraire qu’en amont des différences, nous sommes tous des êtres humains, dotés de droits et de devoirs. Liberté, égalité, universalité de la puissance publique : voilà le triptyque qui définit la laïcité. »

 

La religion est censée relier, mais les différences de croyances risquent de séparer. La loi de séparation des Églises et de l’État a permis que se constitue cette unité républicaine après des conflits interreligieux longs et douloureux.

 

Modifier cette loi, et surtout en invoquant la nécessité de réguler les financements et les dérives d’une certaine religion – sans d’ailleurs la cerner précisément – est en complète contradiction avec son principe même.

 

Démocratique

Le projet de révision de la loi de 1905, tel qu’il a « fuité » dans le journal l’Opinion début novembre, était critiquable aussi sur le plan de la démocratie : il était annoncé que ne seraient consultés que les représentants des différents cultes. Des assises territoriales de l’Islam avaient déjà été organisées dans les préfectures cet automne. Il ne semblait pas prévu de consulter les courants de pensée humanistes athées ou agnostiques.

 

Il en a vaguement été question la semaine passée, mais une nouvelle «  info » chasse l’autre : dans les media, les « gilets jaunes » ont pris le pas sur les réactions à cette menace contre la laïcité… le dernier attentat sur les « gilets jaunes »… Restons vigilants et ne laissons pas une actualité gommer la précédente.

 

Sociale

Les manifestations, depuis plusieurs semaines, nous obligent, que noousle voulions ou non, à regarder les inégalités sociales, territoriales, économiques. Nous l’avons constaté toutes ces dernières semaines, l’injustice économique divise et met en péril la paix sociale.

 

En conclusion

 

Je dirais : à notre devise « Liberté – Egalité – Fraternité », ajoutons : « Mixités -Laïcité – Solidarités ».

 

Je mets un S à Mixité pour préciser qu’il s’agit de toutes les mixités, je peux en ajouter un aussi à Solidarités, mais je n’en mets pas à Laïcité : « Laïcité », sans pluriel, ni adjectif.

 

 

Rozenn Guibert

Déléguée Laïcité