Hommage aux martyres de la commune de Paris,
Que faisons-nous aujourd’hui pour défendre l’idéal Républicain et la justice sociale ?
Je m’exprime ce matin au nom de la GLMU dont les membres défendent la laïcité, la mixité et l’amélioration de l’Homme et de la société et bien évidement pour l’idéal Républicain.
Durant la période de la commune de Paris où le pire côtoyait les espoirs les plus fous, où le peuple malmené s’est engagé de toutes ses forces pour construire la République, pour préparer la laïcité en demandant la séparation de l’Eglise et de l’état, pour faire reconnaitre l’égalité des sexes , les salaires des femmes , l’union libre puisqu’il a été obtenu une pension pour les veuves des gardes nationaux tués au combat, mariés ou non, ainsi qu’à leurs enfants, légitimes ou naturels ainsi qu’ une pension aux femmes plaidant la séparation, il était évident pour tous ceux qui se sont mobilisés que les valeurs pour lesquelles ils étaient prêts à sacrifier leur vie étaient les préliminaires à une vie plus juste , à un avenir vivable .
Car dans leur univers quotidien, il y avait les effarés d’Arthur Rimbaud, silencieux, affamés, il y avait les Gavroches que Victor Hugo nous a dépeint, symbole de l’enfance sans enfance, de la misère et de la révolte il y avait aussi Cosette.
Il y avait Louise Michel et toutes les femmes parisiennes de l’Union des femmes pour La Défense de Paris , dans les réunions de quartier et les clubs …avec à leur tête des femmes dont il est important de rappeler les noms Nathalie Le Mel ouvrière relieuse, Marceline Leloup ( couturière ) , Blanche Lefèvre tuée sur une barricade le 23 mai (blanchisseuse) , Aline jacquier (brocheuse) , Thérèse colin ( Chansonnière)
Il y avait Jean Baptiste Clément, républicain, militant et chansonnier qui nous a laissé entre autres les chants de la semaine sanglante et le temps des cerises.
Durant la semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871 Benoît Malon et Louise Michel, avancent le chiffre de 10 000 femmes qui ont combattu.
Il y a eu des milliers de communards qui ont été exécutés sans jugement, de nombreux massacres et incendies et les otages exécutés derrières les barricades dans l’est de Paris.
Et là aujourd’hui il y a nous, qui travaillons au progrès de l’humanité, nous qui tentons de répandre et de faire vivre nos valeurs de respect et d’attention à chaque humain, nous qui défendons la laïcité, nous qui avons pour objectif d’améliorer l’Homme et la société.
Ouvrons les yeux : des centaines d’enfants dorment dans des cabanes près du périphérique, ou dans des tentes ou dehors dans Paris, nous avons tous vu cela.
Les restaurants du cœur n’ont jamais eu autant de bénéficiaires.
Des hommes et femmes de tous les âges sont sans domicile, alors que certains voudraient se protéger , entourer notre pays de barbelés et de vigiles pour que la misère n’y rentre pas , qu’elle n’existe pas chez nous en France , alors que d’une part elle est déjà là partout et, d’autre part à l’extérieur des millions de personnes continuent d’être déracinées à travers le monde à cause des Guerres, des violences et de la pauvreté , des problèmes climatiques , des exploitations économiques , et pourtant selon la forme de nos travaux nous nous quittons en appelant de nos vœux la Paix , l’Amour et la Joie.
Et pendant ce temps les flux migratoires ne se tarissent pas. Ils sont 250 000 enfants soldats à travers le monde en 2016, selon les chiffres de l’Unicef, dont un tiers en Afrique. Des enfants enrôlés de force dans une vingtaine de pays. Combattants, espions, démineurs ou kamikazes,
Au total, on estime que plus de 230 millions d’enfants grandissent dans une région en guerre et ne savent pas ce qu’est la paix.
Notre société est malade.
Imaginons ce qu’aurait écrit Victor Hugo en témoignage de ce que nous vivons ? Aurait-il mis Gavroche en centre rétention ? Ou dans un camp de fortune ?
Lui aurait il fait traverser la méditerranée sur un radeau surpeuplé ?
On peut imaginer, ce qui se passe quotidiennement : Sa mère aurait péri sur ce radeau après les violences répétées des passeurs puis arrivé chez nous il aurait passé des jours à prouver qu’il était mineur et aurait finalement été pris en charge et scolarisé avec toutes les difficultés afférentes car dans son pays d’origine, il n’a jamais pu aller à l’école.
Dans son récit romanesque Hugo aurait pu avoir à choisir entre la mort sur la barricade ou la désespérance de la vie.
Ouvrons les yeux les effarés sont toujours présents, le pire c’est qu’ils deviennent invisibles, nous les regroupons, les encadrons, les renvoyons à leur sort, nous les avons peut-être croisés en venant ce matin sans même les regarder.
Ce matin le portrait de Louise Michel, m’a rappelé les valeurs qui nous meuvent, elle m’a rappelé les combats des femmes, la nécessité de l’éducation, elle m’a remis en mémoire les espoirs de tous ceux qui ont lutté souvent en donnant leur vie pour que vive, le partage et les trois termes de notre devise LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ. Cette société fragmentée, les affirmations racistes, le retour de l’antisémitisme, le mal logement, la misère, les inégalités nourrissent un désespoir qui n’appelle qu’un mot VIGILANCE
Nous sommes tous là ce matin éveillés et actifs pour que notre chaine d’union dans le temps et dans l’espace nous permette de faire vivre et transmettre ces valeurs pour lesquelles les martyrs de la commune auxquels nous rendons hommage ont donné leur vie.
Patricia Rossignol
Grand Maitre de la GLMU